Notre approche

Le médiateur cheval ouvre à une thérapie psychocorporelle. Il ne s’agit aucunement d'enseigner l’équitation mais plutôt de se servir des possibilités motrices, affectives et sensorielles qu’offre le cheval pour favoriser des réaménagements psychiques.

Notre approche est d'inspiration psychanalytique bien que divers courants de pensées alimentent notre pratique. Nous sommes, avant tout, à la recherche de mots pour penser et de concepts éclairants, dans une situation donnée. De plus, des aménagements face au cadre psychothérapique classique sont nécessaires du fait du lieu des séances, de l'engagement du corps du patient ainsi que de la sécurité dont est garant le thérapeute.

Un cadre solide reste une base essentielle. Les séances sont régulières, dans un même lieu et avec une continuité de la cavalerie.

Souvent, le premier mouvement de rencontre avec l'animal est la régression. Le rapport à l’animal est médiatisé par le corps, dans un univers d’odeurs, de contacts, de postures, dans un monde infraverbal. On observe une attirance symbiotique pour le corps du cheval ou, au contraire, une distance à garder pour se « sauvegarder ». Tous les canaux sensoriels sont à l'oeuvre dans cette communication archaïque. Le cheval nous porte, d'un pas cadencé, dans un corps à corps fusionnel. Les sensations à cheval développent la perception du schéma corporel et des limites de son corps, le sentiment d'unité de soi, les bases du narcissisme primaire. Bowlby parle des besoins d'agrippement, de fouissement, de chaleur, Geneviève Haag du contact dos-à-dos, Winnicott de la situation de holding, Anzieu du Moi-Peau.

Le thérapeute étaye cette régression et il faut se garder de céder à la tentation de raccourcir ce temps capital. Il est indispensable de laisser le patient avoir l’initiative de ses interactions et de simplement suggérer des possibilités d’être avec le cheval. Chevaucher, c'est aussi réveiller notre illusion de toute-puissance.

Le retour vers les processus archaïques n'est qu'un passage plus ou moins long suivant les patients et leur histoire. Le regard du thérapeute est là pour favoriser ou restaurer un « Je », Acteur dans la relation. Le corps devient un outil précieux pour un dialogue tonique puis une communication de plus en plus élaborée avec l'autre. C'est alors le narcissisme secondaire qui est étayé à travers l'autonomie valorisante du cavalier ainsi que les représentations fantasmatiques de beauté, de puissance, de fierté attribuées au cheval.

Après avoir accompagné le sujet dans la découverte d'une communication sensorielle, le thérapeute le guide sur le chemin de la symbolisation, avec toute la créativité nécessaire pour dépasser le lot inévitable de frustrations, incompréhensions et séparations.

La dynamique d'une relation triangularisée est alors à l'oeuvre dans la séance et la situation transférentielle est fertilisée par la présence de l'animal.



"Il s'agit de vivre en condensé une expérience fusionnelle dans une enceinte chaude et close, d'un corps rond et doux puis de cheminer vers un lien fait de conflits, de dangers, de vertiges et d'angoisses jusqu'à ce qu'ils soient apprivoisés et fournissent au sujet la certitude de sa propre force", Agnès Molard, équitherapeute et psychomotricienne.